C’est un voyage fascinant que celui qui mène des profondeurs des abysses à l’infini de l’espace cosmique, celui qu’a créé Maria Lai dans cette chambre. L’eau est l’élément prédominant, liquide vital où évoluent des poissons colorés, des algues et d’autres organismes marins qui affolent les parois de la salle de bains, où l’artiste a réinventé, en les décorant, le revêtement et les sanitaires en céramique. Le plafond est une plaque de verre qui évoque la surface de la mer. En émergeant de cette mer, le visiteur aborde dans un autre espace que l’artiste a dédié aux deux îles de la Mer Méditerranée, la Sicile et la Sardaigne (sa terre natale), évoquées respectivement par le bleu et le noir. Le visiteur, en s’abandonnant sur le lit-île, peut admirer les constellations imaginaires qui se reflètent sur le couvre-lit et les étoiles, petits éléments réfléchissants. Dans la profondeur du bleu-noir des murs ressortent les essaims d’étoiles et un soleil créé par un enchevêtrement de fils métalliques, qui est lumière, mais aussi commencement, chaos d’où est née la matière. L’illumination minutieusement étudiée et les couleurs intenses contribuent pour créer une atmosphère suspendue entre la mer et la terre, entre la lumière et l’ombre. La synthèse et le point crucial de l’ensemble est la pierre fendue qui renferme en elle le silence et le mystère de ces deux terres. Une nuit pour retrouver dans l’obscurité la lumière d’une étoile, “en échappant pour un instant au monde de la division et en entrant dans le monde de l’unité où une chose, une créature dit à l’autre: Voilà ce que tu es”. (Antonio Presti)